DIN 16!
I
OONCr !
I
En France aussi nous cultivons
l’art du gadget, comme avec
cette invention sortie du labo
de Discuts :
LES
LUNETTES
SONNETTES
ABONNEZ VOS AMIS A DISCUTS !
15
spécial pour pouvoir communiquer
avec le poignet. Aussi, je viens de
mettre au point un haut-parleur
capable de recréer le son en 3D, et
qui restitue le son entre 12.000 et
40.000 hertz, ça c’est le futur !
Discuts : Durant la «World Genius
Convention» que vous organisez
tous les ans à Tokyo et qui rassemble
de nombreux inventeurs du monde
entier, avez-vous des participants
musiciens ou designers sonores ?
Dr NakaMats : Cet événement est
destiné avant tout à toutes les
sortes de génies. J’aimerais ne pas
seulement inviter des inventeurs
mais aussi des chanteurs. En tous
cas je vous attends vous !
Discuts : Notre magazine publie
également des gadgets sonores,
quelle serait votre idée pour un
prochain numéro ?
Dr NakaMats : J’ai inventé un
«Nakapaper» qui est un papier
parlant, il produit du son. Vous
Il y a de la visite chez le Dr NakaMats ! Photo Discuts
Rendez-vous en visiophonie avec le Dr NakaMats. Photo Discuts
pourriez l’utiliser dans vos
prochaines éditions ! (D. : nous
faisons des recherches concernant
ce papier mais difficile de trouver
des infos à son sujet, peut-être
vous, lecteurs, avez-vous quelques
pistes ?).
Discuts : Quelle est selon vous
la plus importante invention de
l’histoire ?
Dr NakaMats : Edison est célèbre
dans ce domaine mais il n’a que
1.000 et quelques inventions à son
actif alors que moi j’en ai inventé
plus de 3.000 !
Sur le web :
Dr NakaMats : www.dr.nakamats.com
World Genius Convention : www.w-s-c.org
cuJLb Le magazine des manipulations sonores
14
chansons à l’écran. Le karaoké est né
dans les années 70 dans les champs
de riz pour divertir les paysans. Il
est vite devenu populaire lorsque
des containers ont été recyclés
après la privatisation des chemins
de fer en «Karaoké Box», répandus
dans tout le pays. De nombreuses
améliorations on été apportées au
système et la mienne a été capitale
dans ce qu’on connaît aujourd’hui
partout dans le monde. Le karaoké,
c’est bon pour stimuler le cerveau
et la libido !
Discuts : Vous développez de
nombreuses méthodes pour
développer votre imagination, est-
ce que les sons ou la musique ont
une importance pour vous ? Ou
peut-être simplement le silence ?
Dr NakaMats : La musique
est généralement une simple
distraction, mais dans mon cas
elle est utilisée pour créer de
nouvelles inventions. Lorsque j’ai
inventé la disquette j’ai utilisé la
5ème Symphonie de Beethoven qui
m’a énormément inspiré. C’est
étrange mais je me suis aperçu que
du Mozart ou du Bach ne sont pas
bons pour inventer, et encore moins
le Jazz ! Mais certainement que le
silence est la meilleure condition...
Par exemple, je note toujours mes
idées sous l’eau sur un carnet conçu
spécialement pour, car l’oxygène est
mauvais pour le cerveau, il faut être
proche d’une petite mort pour être
au meilleur de ses performances.
Le plus important pour être créatif
est d’être totalement libre !
Discuts : Vous êtes également un
grand chanteur, de quoi parlent vos
chansons ?
Dr NakaMats : Elles parlent de la
façon dont je crée mes inventions,
les méthodes pour y arriver, comme
des cours de développement
personnel universel.
Discuts : Avez-vous déjà créé votre
propre instrument ?
Dr NakaMats : Oui, j’ai conçu un des
premiers claviers-synthétiseurs,
«l’Electronic Musical Instrument»
qui a été très populaire au Japon
et même dans le monde entier. Des
artistes étrangers sont venus me
remercier pour cette invention.
Discuts : Le son est aujourd’hui de
plus en plus important dans notre
environnement, il est étudié dans
le design ou l’architecture, pensez-
vous qu’il est un élément important
pour le futur ?
Dr NakaMats : C’est certain, une de
mes innovations les plus avancées,
le «Cerebrex», est un fauteuil qui
peut améliorer votre mémoire et
votre créativité grâce à l’utilisation
en grande partie des ultrasons. Pour
ce qui est du téléphone portable,
j’ai conçu un bracelet ergonomique
'û>cuJLt> Le magazine des manipulations sonores
13
Bravo Dr NakaMats !
Le Dr NakaMats est considéré par la communauté internationale
comme l’un des plus grands inventeurs de l’histoire, au côté d’Edison
et d’Archimède, avec près de 3.400 inventions à son actif. Nous
avons eu l’honneur de visiter à Tokyo la « Dr. NakaMats House », à
la porte d’entrée en forme de disquette, puis de converser avec lui
via Skype à notre retour. La simple visite de ses ateliers, difficiles
d’accès, est impressionnante. On navigue au milieu de couloirs
bordés de magnétophones géants où s’agglutinent prototypes,
récompenses et portraits du personnage. Nous avons pensé qu’un
homme aussi prolifique pouvait avoir des choses à nous dire sur sa
propre perception du son. Voici quelques extraits de nos discussions...
Discuts : De quand date votre
première invention et comment
tout ça a-t-il commencé ?
Dr NakaMats : Au départ je ne me
destinais pas à devenir inventeur, je
voulais travailler dans l’ingénierie
aéronautique. J’ai réalisé ma
première invention à l’âge de 5
ans, il s’agissait d’une pompe pour
servir la sauce soja pour aider ma
mère en cuisine, c’est à partir de
là que j’ai continué à imaginer
d’autres objets utiles pour la vie
courante.
Discuts : Nous connaissons certaines
de vos inventions devenues
célèbres, quelles sont celles qui
ont un rapport avec le son ?
Dr NakaMats : J’ai inventé beaucoup
de systèmes d’enregistrement
analogique avant de concevoir la
première disquette informatique
au début des années 50. Le plus
connu est l’enregistreur sonore sur
feuille de papier magnétique pour
prendre des notes avec la voix. J’ai
eu par la suite beaucoup d’autres
idées et d’investissements pour
l’industrie de la musique, comme
des prototypes du premier CD, des
appareils sonores pour le golf, le
karaoké...
Discuts : Pouvez-vous nous raconter
comment vous avez inventé le
karaoké ?
Dr NakaMats : En réalité j’ai inventé
le principe du lettrage à l’image
pour pouvoir lire les paroles des
'ü>cuJLt> Le magazine des manipulations sonores
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Appareil électronique de démonstration de Maywa Denki dans un magasin de musique à Tokyo. Photo Discuts
drôles d’appareils musicaux, comme
ceux de Maywa Denki, une entreprise
artistique et commerciale dirigée par
le fils successeur d’un industriel de
l’aviation. Ses créations bizarroïdes
commencent à êtres connues chez
nous, mais son concept marketing est
plus développé au Japon. Par exemple,
il a eu l’idée de placer en rayon des
boitiers de démonstration sur lesquels
en appuyant sur les boutons on peut
écouter les sons que produisent les
instruments vendus sous emballages et
qui ne peuvent pas être essayés avant
l’achat. Finalement l’objet, qui est
là une sorte de méta-gadget, devient
plus intéressant que l’original !
Le Japon urbain nous laisse un souvenir
fort matérialiste mais passionnant, les
objets sont partout, même mis en scène
dans les vitrines des restaurants, mêlés
aux assiettes répliquées en plastiques, ou
dans d’autres circonstances associés aux
choses les plus improbables. Si la pensée
prend forme, la forme prend la pensée. La
maîtrise de la nature et de la matière est
sans bornes, finalement, rien n’est peut-
être laissé au hasard. La manipulation est
«le vivant», et il est puissamment sonore !
Le voyage est à faire mais surtout à refaire
car l’exploration ne se fait pas seulement
par ce qu’on trouve mais plutôt par ce
qu’on imagine désirer percevoir. La suite
au prochain vol...
'û>cuJLt> Le magazine des manipulations sonores
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Distributeurs de capsules «gachapon». Photo Discuts
panneau de signalisation audio portatif
affirmatif ou négatif, les bouchons
d’oreilles en forme d’à peu près tout,
le stéthoscope pour communiquer d’une
voiture à l’autre sans électricité, le cul
de poule amplificateur d’écoute, le
bracelet pour dégainer son téléphone
plus vite que son ombre, le parapluie
à sonnette pour ne pas se bousculer...
Les objets insolites sont innombrables,
il y aurait d’ailleurs toute une histoire
à retracer au Japon. De plus, ces objets
bénéficient de publicités qui peuvent
nous paraître souvent surréalistes
par des mises en scène absolument
farfelues, et ça, ça commence dès le
matin en regardant le téléshopping
à la télévision de l’hôtel, enfin si on
n’est pas dérangés par les boutons de
la radio placés derrière l’oreiller! Une
autre chose amusante est de compter
le nombre de contrefaçons trouvées sur
les étales. La marque PANASONIC est
détournée pour donner PANAPHONIC ou
PANASINIC ou encore SONY transformée
en PHONY, SONIA ou SQ.NY, enfin ça peut
aussi être un coup des chinois! Mais
dans le vrai Sony Bulding de Tokyo on
trouve des escaliers dotés de marches
musicales sur lesquelles ont peut jouer
des notes en montant ou descendant, on
n’arrête pas le progrès! Des boutiques
permettent de percevoir l’impact
de l’univers manga, et des héros et
monstres anthropomorphiques des séries
du genre «Tokusatsu» et «Sentaï» qui ont
atteint un succès planétaire depuis la fin
des années 60. Pour les collectionneurs
de vinyles étranges, c’est aussi là qu’il
faut aller pour dénicher d’incroyables
pochettes, souvent cachées entre
les interminables rayons de lecture!
D’autres jouets sont plus éducatifs.
On connaît bien la marque Gakken qui
distribue des répliques ingénieuses
et ludiques de toutes les grandes
inventions technologiques de l’histoire,
du phonographe au thérémine en
passant par le kaléidoscope sonore.
Visiter ces ateliers-laboratoires est une
véritable attraction pour n’importe
quel inventeur éclairé! Même si dans
les magasins d’instruments de musique
le marché de la guitare électrique se
porte à merveille, on y trouve aussi de
'û>cuJLt> Le magazine des manipulations sonores
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certains que la surprise est partout au
rendez-vous. Nous passons commande
sur un écran individualisé, et les plats
arrivent sur un rail, environnement
plutôt froid et mécanique compensé par
une playlist d’ambiance de reprises de
tous les standards de musiques anglo-
saxonnes en version 8-bits. Tout est à la
hauteur de nos espérances ! Les toilettes
sophistiquées sont dotées de diffuseurs
sonores au volume réglable pour couvrir
les bruits indésirables. Les cabines
d’ascenseurs parlent et il n’est pas rare
d’y entendre plusieurs voix synthétiques
parler en même temps. Toutes les
stations de métro ont leur petit indicatif
sonore pour annoncer le prochain départ.
D’ailleurs, pour revenir à Kyoto où il n’y
a que deux lignes, la mélodie ressemble
à celle d’un film d’horreur, propre à
effrayer les visiteurs! Enfin, on ne va pas
se le cacher, on est venus là aussi pour
dénicher quelques gadgets improbables!
Et on en trouve partout, comme dans
ces distributeurs de capsules surprises
appelés les «gachapon» (signifiant les
Cd en vente sur une buvette de rue. Photo Discuts
Camion publicitaire de J-pop avec sound System. Photo Discuts
sons : «gacha» pour le tour de manivelle
du distributeur, et «pon» pour celui de
la capsule tombant dans le réceptacle).
Mais le quartier idéal reste certainement
Akihabara, temple mondial des geeks et
fans de mangas. Ici, on peut facilement
se perdre et passer la journée à
parcourir les boutiques spécialisées en
composants électroniques, appareils
vintage, produits dérivés... Si vous
aimez les délires du «Chindôgu», l’art
des objets utiles mais inutilisables,
inventé par le génial Kenji Kawakami,
vous serez servis! La liste est longue:
le casque de baladeur qui brosse les
cheveux, la tétine pour améliorer sa
performance vocale au karaoké, la
caméra pour voir à l’intérieur de sa
propre oreille, le combiné téléphonique-
haltère pour muscler l’avant-bras, le
pistolet à infrarouge pour éteindre le
réveille-matin, les oreilles de lapin qui
réagissent aux sentiments, la muselière
pour chien en forme de bec de canard,
les lunettes-horloges pour être toujours
à l’heure, le vase pour crier dedans sa
rage sans déranger son entourage, le
masseur de cerveau pour le bureau, le
'û>cuJLt> Le magazine des manipulations sonores
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Disques 45t japonais. Collection Discuts
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OkGuJLb Le magazine des manipulations sonores
7
Jap a ni Rail Pas* :
Tokyo
i
Retour à la folie des mégalopoles. La
foule grouille mais semble toujours filer
droit. L’individu est cependant soucieux
des nuisances sonores, il est discret
lorsqu’il parle au téléphone et n’utilise
jamais de sonnette sur son vélo. Pourtant
le bruit est là, imposé par la densité de
l’activité économique. Les enseignes
géantes sortent leur baratin toutes en
même temps, pendant que tournent de
grands camions publicitaires équipés de
Sound System puissants pour annoncer
un concert ou la sortie d’un album. La
musique est une bonne marchandise !
Nous prenons une pause, accoudés à une
petite buvette de rue où le patron met
en vente les Cds de ses filles chanteuses,
les disques sont posés contre la pompe
à bière. A cet instant, nous voyons
un groupe d’étudiantes en uniforme
courir sur la route, en transportant à
elles seules une énorme sono sur un
petit transpalette en direction sans
doute d’une soirée J-pop, l’histoire de
prendre une bonne dose de décibels.
Rien d'étonnant que la vedette Ayumi
Hamasaki soit devenue sourde d’une
oreille à force d’enchainer les tournées,
les japonais écoutent fort, très fort!
Les japonaises sont aussi connues
pour leurs voix extrêmement aigues,
appréciées dans la société traditionnelle
comme marqueur de féminité. Mais
certaines études rapportent que la vie
contemporaine et libérale pourrait faire
baisser la fréquence. Les ingénieurs
de la culture de masse préfèrent
aujourd’hui faire chanter des chanteuses
virtuelles, et les productions du genre
sont nombreuses. Nous entreprenons
ensuite d’aller manger quelques sushis
dans une sorte de robot-restaurant,
'û>cuJLt> Le magazine des manipulations sonores
Panneaux de signalisation audio portatifs. Photo Discuts
6
JaPaim Rau. Pas* : Kyoto !
Quelle surprise de trouver une ville
gigantesque aussi silencieuse. Ici on
marche beaucoup dans une ambiance
où règne en force la tradition, la
modernité semble plus timide, le
calme s’installe... La meilleure chose
à faire est d’aller visiter les nombreux
temples et jardins dispersés sur la
carte. Nous pensions ne pas y trouver
d’intérêt pour notre écoute mais le
tourisme omniprésent nous a ouvert
de nouveau les oreilles. Déjà, lorsque
nous entrons dans la plupart de ces
magnifiques sanctuaires, les écriteaux
nous indiquent l’interdiction de
prendre des photos des espaces les plus
sacrés, mais il n’est jamais mentionné
l’interdiction d’enregistrer le son avec
un dictaphone ! Sûrement que sans cet
appareil nous n’aurions pas été aussi
attentifs à ce qu’il se passe autour
de nous. Les visites sont nombreuses,
toutes ces architectures de bois ne
devaient pas être, à l’origine, aussi
souvent habitées par la foule. Nous
sommes frappés par le bruit des pieds
déchaussés marchant sur les parquets
craquants. L’ambiance laisse place à
un ensemble de grincements curieux,
semblables à un vol de mouettes, ou
quelque chose comme ça... Le shogun
avait-il remarqué cette sensation
auditive par le passé ? Le silence à
respecter est parfois contradictoire,
les signalisations sonores des feux
de circulation des rues proches sont
entendues de partout, et le calme
qu’impose la maîtrise du vide laisse
réceptif sur tout ce qu’il peut se passer,
en particulier ce qui brise la plénitude.
Un autre élément intéressant : de
grandes urnes prévues pour glisser
des pièces de monnaies sont placées
un peu partout. A chaque offrande
on perçoit donc comme un dédale de
sonorités acoustiques percutantes sur
les parois de bois.
Les commandes de la radio de l’hôtel. Photo Discuts
'û>cuJLt> Le magazine des manipulations sonores
5
Crieur de rue à l’entrée d’un magasin à Osaka. Photo Discuts
et ce sans difficultés, nous nous
perdons dans les rues qui offrent un
tourbillon d’activités qui semblent
ne jamais vouloir s’arrêter. A
chaque coin de rue on trouve des
salles de jeux qui impressionnent
par leur taille et leur luminosité
éblouissante. Si vous voulez vivre
une expérience bruitiste intense et
chaotique c’est bien ici qu’il faut
ouvrir la porte. La puissance sonore
due à l’alignement des machines
diffusant chacune leur panel de
musiques et d’effets sonores est
impressionnante, on ne s’étonne
guère que le pourcentage de sourds
ou de problèmes d’audition chez
les japonais soit important. Ces
lieux de distraction très fréquentés
aux heures de débauche, et jusque
tard dans la nuit, martèlent les
tympans jusqu’à l’épuisement. Les
plus populaires sont les «pachinko»,
entre machine à sous et flipper, qui
consistent à placer un grand nombre
de billes que l’on récupère pour
être échangées contre des lots.
Dans d’autres salles nous trouvons
de nouveaux jeux toujours plus
interactifs les uns que les autres,
classés par thèmes suivant les
étages, nous montons directement
à celui dédié à la musique ! Là, il
y a de quoi oublier d’être musicien
tant la distraction est possible,
bien qu’un soupçon formatée.
Nous sommes vite envoûtés par les
simulateurs de DJing où les platines
sont devenues des armes d’attaque
devant des écrans géants, ou par les
sonorités folles des scores obtenus
à force de frappes rythmées sur les
répliques de tambours traditionnels
des célèbres «Taiko no Tatsujin».
Mais le bruit n’est pas seulement
intense dans ces lieux, il suffit de
déambuler dans les rues et galeries
marchandes pour s’en rendre
compte. Un élément frappant est
l’usage récurrent du mégaphone,
aussi bien utilisé par la police que
par les vendeuses de prêt-à-porter
qui n’hésitent pas à brailler dans les
oreilles des passants pour vendre
leurs vêtements bon marché. Le son
enregistré est lui aussi de la partie
puisque de nombreuses devantures
disposent de petits boitiers
publicitaires en carton qui diffusent
des voix commerciales passées
en boucle, lues par un circuit
électronique, à la qualité sonore
relativement médiocre et saturée.
tacuJLb Le magazine des manipulations sonores
4
Discuts au Tapom
5h du matin, premiers pas posés sur la terre du Soleil levant. Le but de cette
visite consiste bien évidemment à ouvrir tous les sens pour se nourrir d’un pays
à la culture extrêmement riche et vraiment curieuse pour nous, occidentaux.
Si la vue domine généralement dans les premières perceptions, notre méthode
de découverte consiste aussi à savoir parfois fermer les yeux pour mieux
écouter ce qui se passe autour de nous. C’est là tout un univers qui s’expose
à nos oreilles, et donne parfois l’impression d’avoir la tête à l’envers. On vous
offre un récit de voyage, un voyage par le son !
Japam Rail fats * Os aka !
Cette ville considérée comme le petit
Tokyo est déjà impressionnante par sa
superficie et sa modernité. On nous
avait dit qu’elle était la capitale du
bruit, où les gens parlent fort et où
les artistes underground grouillent,
et c’est bien vrai ! Notre première
initiation aux délices nippons, une
soupe «ràmen», se fait déjà dans
un environnement intensément
bruyant mais ô combien vivant.
Goûter devient vite une pulsion
de découverte, et c’est là qu’on
remarque à quel point il n’existe
quasiment pas de frontières entre
la consommation de nourriture,
de culture populaire et celle
de technologie. Les enseignes
de restaurants cohabitent de
partout avec celles des karaokés
et autres affichages de stars de
la pop. En visitant les rayons des
supermarchés on découvre de
nombreux emballages de friandises
illustrés par les photos de chanteurs
et chanteuses en vogue, on trouve
même certains biscuits moulés
à leur effigie. Une fois passés
en caisse nous apprenons que la
spécialité du coin est le «takoyaki»
en trouvant dans les souvenirs en
vente un Cd de chansons sur ces
boulettes de poulpes, le genre
de bizarrerie musicale qu’on
affriande ! Nous nous empressons
alors d’aller goûter cette cuisine
dans un des nombreux restaurants
attractifs. Là, nous apprenons que
le mot d’origine est le «radioyaki»,
nom donné par la radio locale qui
en avait fait sa publicité à l’époque
des premières ondes. Pour digérer,
'û>cuJLt> Le magazine des manipulations sonores
EDlTO
Bienvenue sur le vol numéro 12 du magazine Discuts
à destination du Japon, décollage immédiat. Nous
demandons à tous nos lecteurs de bien vouloir
attacher leurs ceintures : looping* rédactionnel
imminent ! Ouvrez vos oreilles, nous partons pour
une expédition en terre curieuse. Vos bagages
ont bien été enregistrés, nous espérons que vous
n’avez pas oublié vos microphones pour enregistrer
les sons dénichés lors de cette visite. Nous aurons
des choses à écouter sur l’île, suivez le guide qui
vous accompagnera tout au long de cette aventure.
Voici la consigne : en cas de pression trop forte,
munissez-vous des bouchons d’oreilles situés à
l’avant du magazine, ils vous permettront de rester
en communication avec les membres de l’équipage.
Un plateau repas vous sera servi avec un dessert à
déguster en compagnie d’un des plus importants
personnages du pays. Veuillez éteindre vos appareils
électroniques, nous nous éloignons maintenant des
supports pour jouer de notre propre carte mémoire,
que de souvenirs en perspective ! Après l’atterrissage,
dès l’ouverture des portes, soyez bien attentifs au
moindre bruit, l’expérience vous paraîtra peut-être
extraordinaire mais sera pourtant bien réelle. Nous
vous souhaitons un agréable voyage !
Alexis Malbert
iU □
Edition numéro 12
Magazine trimestriel
Hiver 2014
Vendu sur abonnement
Tirage : 500
exemplaires
Rédaction et
publication :
Alexis Malbert
www. alexismalbert. com
Photographies et
illustrations :
Alexis et Anne-Laure
Malbert
Mannequins :
Bertrand Monereau
Célia Brun
Mise en page et
conception graphique :
Alexis et Anne-Laure
Malbert
Relecture : Marie-Claire
Conception gadget :
Le Labo Discuts
Impression :
Madame édit’
www. madame-edit.fr
Le Blog du magazine :
www. discuts. blogspot. com
Nous écouter :
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Nous contacter :
info. discuts@yahoo.fr
Magazine Discuts
14, rue Pierre Brossolette
87000 Limoges
France
'û>cuJLt> Le magazine des manipulations sonores
I
LE GrAD&ET :
LES BOUCHONS
D'OREILLES
D'EXPRESSION
'û>cuJLt> Le magazine des manipulations sonores